Pas encore de coupure d'electricite. Il fait tellement chaud, ici a Mazar E Sharif, que je passe mon debut d'apres midi soit dans ma chambre d'hotel soit dans un chaikhana soit comme maintenant dans un cafe internet climatise.
Une autre chose marque, lorsque l'on voyage en Afghanistan. Ici, c'est un monde d'homme. Et jusqu'a maintenant, je n'ai pas vu une seule femme sans Burqa, meme les ismaeliennes! Certains connaissent mes points de vue sur la Burqa. J'ai toujours dit que si c'etait une volontee de la femme ou une tradition d'un pays, je ne voyais pas de quel droit, nous, les occidentaux, nous pourrions leur dire que cela n'est pas bien. Mais une fois de plus, de la meme maniere qu'a Hama, en Syrie, la realite sur le terrain est si differente.
La premiere fois que j'ai vu une femme en Burqa, ce fut le premier jour, dans mon Flying Couch (nom pour les toyota hiace. ). La femme habitait dans un village proche d'Ishkashim mais etait malade. Il lui fallait donc aller a l'hopital le plus proche, a Feizabad. 10 heures de transport! Donc elle y va, accompagnee par son mari. Mais elle n'existe pas. Ce n'est qu'une ombre bleue. Rien qu'une ombre. Assise derriere moi, je ne l'ai pas entendu parler (ok , elle etait malade.). Lorsque le terrain le demandait, on devait sortir du vehicule. Sa burqa la genait dans ses mouvements pour sortir et lorsqu'elle etait dehors, son mari la parquait, sur un caillou a quelques metres des autres passagers (tous hommes). Assise, elle n'etait qu'une boule bleu dont la forme etait faite par le vent. Elle n'existait pas. Malgre tous mes theories rationnelles, ces images me sont insoutenables. Le mari etait extremement sympathique et aidant avec moi, et il semblait aimant avec sa femme, mais le simple fait de la voir, seule, inexistant, sur son caillou me revoltait...
Voila pour mon moment feministe.
Une derniere chose sur les afghans: On dit que si tu es invites, ils peuvent mourir pour te proteger. Par contre, si tu n'est pas le bienvenu, ils peuvent te tuer. Je ne sais plus ou j'ai lu cela. En moins extreme, j'en ai eu l'illustration. Hier au soir, nous sommes arrives la nuit tombee a Kundunz. Un des passagers du flying couch, originaire de la vallee du Panshir m'a dit de venir avec lui. Nous dormirons ensemble, m'a-t-il dit, car ici, ce n'est pas sur. Nous sommes donc alles dans un chaikhana. Le tenancier n'etait pas chaud pour accueillir un etranger. Le Panshiri insista. En mangeant, il m'explique a quel point la region n'est pas sur pour un voyageur solitaire. Mais il me dit qu'avec lui, je n'ai rien a craindre. Il prend mon sac a dos et le met a ses ostensiblement a ses cotes pour la nuit. Il me sourit et ferme les yeux. Le lendemain, a 5 heures du mat, c'est lui qui me trouvera mon taxi collectif pour Mazar e Sharif. Je ne sais pas s'il exagerait le risque a Kundunz, mais il prenait tres au serieux le fait de garantir ma securite, a moi, parfait inconnu.
Il y aurait tellement d'autres choses a raconter, mais l'appel du the est trop fort... Demain peut etre, je reviendrai.
PS: SkyPe est genial. Il permet meme a une famille afghane a mes cotes de communiquer avec un fils a l'etranger. On arrete pas le progres!